Rééducation kiné d’un AVC chronique en 2024 : que conseiller ?
Des milliers de personnes en France ont des séquelles d’un accident vasculaire cérébral sur le long terme, voire à vie. Nombre d’entre elles ont des prescriptions pour des séances de kiné en libéral, par leur neurologue ou médecin traitant. Que proposer à ces personnes ? Qu’attendre de la rééducation à ce stade d’un AVC ?
Qu’entendons-nous par « AVC chronique » ?
Tout de suite après l’AVC, on parle d’une phase aiguë, puis sub-aiguë. Plusieurs mois après l’accident, certaines personnes ont des séquelles. Dans ce cas-là, on parle d’« AVC chronique », parce qu’il est fort probable qu’elles gardent ces séquelles toute leur vie.
Les kinés libéraux peuvent prendre en charge des personnes avec AVC à tous les stades. Mais c’est particulièrement le cas des personnes en phase chronique qui sont sorties de centre de rééducation.
Après un AVC ischémique, la rééducation est une étape cruciale pour retrouver ses capacités.
Quelles sont les séquelles les plus fréquentes à cette phase d’un AVC ?
Les personnes atteintes d’AVC en phase chronique peuvent rencontrer plusieurs problèmes de mobilité, de force musculaire et de coordination. Voici quelques-uns des problèmes les plus fréquents.
- Mobilité : elles peuvent avoir des difficultés à se déplacer en raison d’une perte de force ou de la paralysie d’un côté du corps. Elles peuvent également avoir des difficultés à maintenir l’équilibre et à marcher de manière stable.
- Force musculaire : la perte de force musculaire dans l’un ou les deux bras, ou les jambes, est fréquente, ce qui peut rendre les tâches quotidiennes plus difficiles à accomplir.
- Coordination : Certaines ont aussi du mal à coordonner leurs mouvements. Là aussi, les tâches simples telles que se brosser les dents ou s’habiller sont complexes.
Un des rôles des kinés est d’identifier avec le patient quelles séquelles sont les plus gênantes, pour tenter de mettre en place des choses pour compenser. Car à cette phase, il s’agit plutôt d’entretien ou de compensation que de récupération à proprement parlé… soyons lucide !
La rééducation post-AVC représente un volet essentiel de la prise en charge des patients ayant subi un accident vasculaire cérébral, qu’il soit ischémique et affecte une artère cérébrale ou le cervelet. Le thérapeute, expert en physiothérapie, accompagne le patient dans ce parcours en lui proposant des exercices thérapeutiques adaptés. L’objectif est de stimuler la neuroplasticité, cette capacité du cerveau à se réorganiser, grâce à un travail ciblé sur la dextérité, l’entraînement des jambes, et bien d’autres fonctions touchées.
La prise en charge en kinésithérapie du patient post-AVC
Le kinésithérapeute joue un rôle central dans ce processus en élaborant un programme d’exercices de rééducation personnalisé, adapté aux troubles spécifiques de chaque patient. La rééducation motrice, par exemple, vise à restaurer les fonctions motrices, comme la capacité à s’asseoir, la marche via la dorsiflexion, ou encore l’entraînement des jambes.
Le kinésithérapeute intervient tout au long du parcours de soin post-AVC, dès la phase aiguë (J1 à 1 mois), puis en phase subaiguë (1 à 6 mois) et chronique (au-delà de 6 mois), afin de minimiser les séquelles fonctionnelles et motrices. Son action, axée sur la stimulation de la plasticité cérébrale, vise à maximiser le potentiel de récupération du patient. Il est recommandé de réaliser le bilan kinésithérapique et la rééducation dans les 24 heures suivant l’AVC.
La rééducation motrice est généralement proposée pour :
- Prévenir ou traiter les complications liées à un AVC, à l’alitement ou à l’immobilité en phase aiguë ou subaiguë, telles que l’encombrement pulmonaire, les troubles thrombo-emboliques, les troubles trophiques, ou encore les rétractions capsulaires et musculo-tendineuses.
- Restaurer la mobilité du tronc et des membres, en visant à réduire les déficits moteurs et à normaliser le tonus musculaire.
- Améliorer la posture debout et l’équilibre, en sollicitant la tête, le tronc et les membres inférieurs.
- Faciliter la marche.
- Améliorer la mobilité du membre supérieur et la fonction de préhension.
- Travailler sur la déglutition.
- Compenser les fonctions lésées.
- Promouvoir l’autonomie dans les activités quotidiennes.
Toujours s’adapter aux patients
Comme souvent en rééducation, il est difficile d’évaluer de manière très qualitative si certaines méthodes de rééducation sont plus efficaces que d’autres.
Comme l’AVC est une pathologie grave et répandue, il y a quand même plus d’études que dans d’autres secteurs. La principale revue de la littérature, qui fait état des connaissances actuelles sur la rééducation, conclue :
- que plein de méthodes différentes sont utilisées, certaines plus actives pour les patient(e)s, d’autres plus passives ;
- qu’aucune ne semble se démarquer de manière significative par rapport à une autre.
L’idée est donc de partir des attentes des patient(e)s (mais aussi de vos propres compétences et sensibilités) pour proposer la prise en charge la plus adaptée pour chaque personne.
Voici les traitements souvent utilisés par les kinés :
- exercices de renforcement musculaire ou d’équilibre, avec ou sans matériel ;
- activités à visée cardio-vasculaire, adaptées aux déficiences, comme le vélo à bras ou à jambe ;
- mobilisation passive et active des membres ;
- utilisation de dispositifs d’aide à la marche ;
- réalité virtuelle, imagerie motrice, thérapie miroir.
Le kinésithérapeute, en tant que chef d’orchestre de cette prise en charge pluridisciplinaire, accompagne le patient et son entourage tout au long de ce parcours, en encourageant l’assiduité et en valorisant chaque progrès.réalité virtuelle, imagerie motrice, thérapie miroir.
Objectifs et résultats attendus de la prise en charge kiné
Un des éléments clé de la prise en charge pour ne pas tourner en rond est de s’entendre sur les objectifs des séances : entretien ? Récupération ? Compensation ?
Certains patients sont cependant dans le dénis et n’accepteront pas forcément qu’on dise que les séances sont purement à visée d’entretien. À vous de voir comment vous souhaitez intégrer cela…
Ensuite, quelles sont les choses qu’on souhaite le plus impacter ?
- La souplesse des articulations ?
- La douleur ?
- La force musculaire ?
- La capacité à réaliser certaines activités, et lesquelles ?
- Le périmètre de marche, ou le schéma de marche ?
En fonction de ces objectifs, les séances pourront être articulées différemment.
Chaque exercice thérapeutique est conçu pour stimuler la neuroplasticité, cette faculté du cerveau à se réorganiser après une lésion. La répétition des exercices, combinée à la pratique régulière d’activités physiques, même en plaine, contribue à optimiser cette plasticité.
La rééducation post-AVC est un processus qui nécessite du temps, de la patience et de la persévérance, mais chaque étape franchie est une victoire qui rapproche le patient de l’autonomie.
Comment facturer des séances pour des patients avec AVC chronique ?
Revenons à des choses purement administratives, importantes aussi à prendre en considération !
Le fait que les patients soient vus de manière chronique n’empêche pas de facturer les actes en AMK 9. Avec une indemnité de déplacement à 4 euros (IFN) en cas de déplacement à domicile. La plupart de ces patient(e)s seront normalement en ALD, ce qui facilitera la facturation des séances pour tout le monde.
Chez les personnes très âgées qui ont des petites séquelles d’AVC, la question se pose cependant de coter AMK 9 ou 8,5, si la prise en charge est plus axée « maintien des capacités fonctionnelles ».
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Que pensez-vous de la prise en charge kiné des personnes en phase chronique après un AVC ?
Super ALD