La pratique du Shiatsu en tant que kinésithérapeute
Blog Milo Kiné - Kiné par nature
Massages et exercices

Témoignage : la pratique du Shiatsu en tant que kinésithérapeute

Mathieu, kinésithérapeute et enseignant de Shiatsu, nous partage son parcours et son savoir sur cette thérapie manuelle venue du Japon. 👉 Qu’est-ce que le Shiatsu ? Quels sont les bienfaits ? Y a-t-il des contres indications ? Comment l’intégré à la kinésithérapie ? 🔎 Décryptage dans cet article !

Depuis quand pratiquez-vous le Shiatsu en tant que kiné ?

« Je pratique le Shiatsu depuis pas loin de 15 ans. Mon épouse et moi, tous deux kinés, nous sommes lancés dans cette pratique peu de temps après l’obtention de notre D.E de kiné. En parallèle de la pratique, nous enseignons au sein de l’École de Shiatsu des Bouches-du-Rhône que nous avons fondées il y a bientôt 9 ans. Pour finir, je siège aussi depuis environ 6 ans au sein du conseil d’administration de la Fédération Française de Shiatsu Traditionnel. »

Où pratiquez-vous le shiatsu ?

« Pour la partie pratique, nous pratiquons le shiatsu dans une salle aménagée non loin de notre cabinet, et, pour l’enseignement, nous travaillons dans un Dojo, car nous avons besoin de plus d’espace ayant en moyenne entre 30 et 40 étudiants à qui enseigner. »

Comment définiriez-vous le Shiatsu ?

« Le shiatsu se définit par la traduction de son nom en japonais ! Shi et Atsu signifient respectivement Doigts et Pression. On en vient tout naturellement à comprendre, efficacité japonaise oblige, que c’est une pratique de soin qui va utiliser principalement la pression des doigts pour apporter du mieux-être. Au Japon, la pratique est reconnue par le système de santé comme une thérapie manuelle à part entière et l’enseignement y est donc très encadré. Le praticien de Shiatsu est un peu l’équivalent de l’ostéopathe chez nous. Les Japonais peuvent aller le consulter en préventif comme en cas de douleurs avérées et sa consultation peut s’inscrire dans le cadre d’un exercice de soin coordonné avec d’autres pratiques médicales. » 

La pratique du shiatsu est-elle la même en France et au Japon ?

« Pas exactement, en France, la pratique étant plus récente, elle s’inscrit essentiellement dans le domaine du bien-être ou du mieux-être.

De manière concrète, le Shiatsu est un massage issu de la médecine traditionnelle Japonaise (Kampo) par-dessus lequel se sont greffés plus tard des connaissances théoriques et pratiques issues de l’ostéopathie, de la chiropraxie pour son versant structurel ainsi que de l’énergétique chinoise pour son approche de la dynamique énergétique, de l’utilisation des méridiens et des points d’acupuncture.

Lors d’une séance, le praticien va donc, à l’instar de n’importe quelle autre pratique de massage, utiliser ses doigts et paumes pour libérer des tensions musculaires, il pourra aussi étirer les membres et mobiliser les articulations pour les aider à se relâcher.
La différence tiendra cependant dans l’approche tissulaire qui sera toujours travaillée via des pressions profondes et punctifomes selon des protocoles rigoureux.
On ne verra que très rarement des pressions glissées, effleurages, pétrissages… Ou alors ce seront de libres interprétations de la pratique dans le cadre d’un mélange de style.

L’autre point qui va différencier le Shiatsu des autres pratiques de massage est l’approche énergétique. Cette dernière permet grâce à la théorie de la médecine chinoise de faire des liens intéressants entre les tissus, les organes, les sens et les émotions… et donnera donc d’autres pistes à explorer pour apporter du bien-être en travaillant en priorité tel méridien ou tel point d’acupuncture afin de réguler le « flux d’énergie » et les déséquilibre de tensions tissulaires qui en découlent.
 »

La pratique du Shiatsu en tant que kinésithérapeute

Quels sont les bienfaits du shiatsu ?

« Les bienfaits sont nombreux… ! Si on se cantonne à son aspect purement structurel, toutes ces pressions parfois un peu douloureuses vont tendre à avoir une action directe sur la circulation sanguine, sur le système hormonal, mais aussi et surtout sur le système nerveux autonome. Ce dernier mis à mal par une vie de plus en plus stressante se trouve enfin apaisé, je vous laisse imaginer le nombre de petits ou grands symptômes périphériques qui, en plus des tensions physiques, diminuent ou disparaissent pour le plus grand plaisir de nos receveurs. »

Quelle est la plus-value lors de vos séances et est-ce facile de l’intégrer au sein d’une séance de kinésithérapie  ?

« Oui, le Shiatsu s’intègre aisément dans une séance de kinésithérapie. Sur un plan personnel, avoir une autre pratique manuelle à rajouter aux séances permet de sortir du train-train des massages conventionnels. Ce type de travail par pressions est assez inédit, ce qui titille la curiosité des patients et en même temps, cela reste très efficace pour délasser ces derniers ou soulager certaines douleurs et tensions locales.

Le versant énergétique, lui, n’est pas utilisable en séance, car cette théorie n’étant pas prouvée, elle ne peut avoir sa place en soin conventionné. Cependant, elle peut parfois donner des pistes de réflexions concernant certaines affections complexes et cela peut déboucher sur une proposition de soin déconventionné. Là, par contre, on peut se permettre de travailler sur les méridiens et les points d’acupuncture.
 »

Pourquoi et comment se spécialiser dans le shiatsu quand on est kiné ?

« Se spécialiser permet de donner une autre saveur à son métier tout en le rendant plus en adéquation avec ses affinités théoriques ou pratiques. Dans un autre cadre, cela peut aussi permettre aussi de se démarquer ou d’apporter un outil supplémentaire au sein d’un cabinet de groupe ou pluridisciplinaire. Cela permet aussi de développer une activité hors nomenclature, ce qui est un plus non négligeable tant au niveau du plaisir, de la diversification de pratique qu’au niveau financier.

Là encore, le shiatsu tire son épingle du jeu, car il n’y a pas encore trop de praticiens, ce qui fait qu’il n’y a pas réellement de problématique de concurrence, comme on pourrait le voir du côté de l’ostéopathie. Pour se spécialiser, il suffit de rejoindre un cursus de formation de préférence agréé par la Fédération Française de Shiatsu Traditionnel (FFST) qui assure depuis 30 ans cohérence et rigueur dans l’enseignement et la pratique du shiatsu. Ces derniers durent en moyenne entre 3 et 4 ans à raison d’un week-end par mois, ce qui permet de continuer son activité professionnelle en parallèle. »

Quelle certification professionnelle faut-il avoir pour pratiquer le shiatsu en tant que kiné ?

« Pour pratiquer de manière sérieuse le shiatsu, il faut être détenteur d’un certificat Fédéral qui est délivré après un examen pratique et théorique en fin de cursus. »

Comment se déroule une séance de Shiatsu à proprement parler ?

« Lors d’une séance, le receveur fait état de ses problématiques et attentes, s’ensuit un bilan palpatoire, visuel ou énergétique selon les courants de shiatsu. Suite à cela, le praticien décide quelles zones il va travailler, quel méridien il va réguler et quels points il va stimuler. En fin de séance, les testings sont de nouveau effectués et le receveur part éventuellement avec un mouvement à faire ou à un point d’acupuncture à travailler. » 

Combien de séance faut-il pour ressentir un bienfait ?

« Cette question est complexe, car elle dépend de nombreux facteurs dont la majorité ne dépendent pas de nous. Comme en kinésithérapie, on ne peut prévoir la réaction du patient, son observance dans les conseils, un potentiel effet rebond, etc.

Néanmoins, si on reste dans le cadre d’un simple bien-être, d’une détente tant physique que mentale, cela se ressent directement dès la première séance. C’est d’ailleurs souvent celle qui marque le plus les receveurs tant la différence est importante entre le début et la fin de séance. Lors de la séance suivante, comme ils arriveront déjà moins tendus, ils auront l’impression que cela aura fait moins d’effet. Pour ce qui est du prix des séances de shiatsu, ils varient d’une région à l’autre, on va généralement, il peut s’échelonner de 40 € à 80 €.
« 

À quel public s’adresse le shiatsu ?

« Cette pratique est adaptée à tous car tous y trouveront un avantage qu’on parle d’enfants, de personnes âgées à soulager, de personnes saines à entretenir, de receveurs avec des troubles lourds à apaiser en complément de leur traitement conventionnel, de femmes enceintes à accompagner pendant leur grossesse ou de sportifs à assister durant leur préparation ou leur récupération. »

Quelles sont les pathologies qui peuvent être traités par le shiatsu ?

« Le champ est large en regard des différents systèmes impliqués dans la pratique (système nerveux, tissulaire, système circulatoire, hormones, système immunitaire, énergie…). Il est complexe d’établir un listing précis. Cependant, cette pratique est facilitatrice à bien des égards, même dans le cadre d’une pratique commune avec différents corps de métiers. Je travaille du coup de concert en Shiatsu avec certains confrères kinés, des ostéopathes, des psychiatres, des psychologues, des médecins… Parfois, ils ont juste besoin d’un petit « coup de pouce » qui leur permettra de débloquer telle ou telle situation avec leurs patients respectifs. »

Quelles sont les contre-indications au shiatsu ?

« Si l’éthique et les contre-indications sont respectées, il n’y en a pas. Le seul danger peut provenir de l’égo du praticien qui cherchera à s’attribuer le mérite d’un mieux être, quitte à créer un clivage malsain avec le système de santé conventionnel. Mais cela, on peut le retrouver dans toutes les pratiques de soin. »

Merci à Mathieu pour ce témoignage ! Si, vous aussi, vous souhaitez apporter votre témoignage, n’hésitez pas à contacter la team Kiné par Nature. 😄

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Logiciel kiné Milo : aide à la cotation et homologation avenant 7

Ne passez pas à côté de ...

Méthode McKenzie : point de vue des masseurs-kinésithérapeutes

Kiné avec piscine : balnéothérapie rentable en cabinet ?