Endométriose et Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) : quel traitement en kinésithérapie ?
Saviez-vous que 1 femme sur 10 à 1 femme sur 7 souffre d’endométriose et que 6 à 13 % des femmes en âge de procréer vivent avec le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) ? Ces pathologies gynécologiques, de plus en plus fréquentes, ont des conséquences bien au-delà de la sphère intime : elles perturbent le système musculo-squelettique, la statique pelvienne et la régulation neurovégétative. La kinésithérapie offre des solutions concrètes pour soulager ces douleurs. Comment un suivi spécifique peut-il transformer le quotidien des femmes atteintes ? Réponse dans cet article !
Comment la kinésithérapie contribue-t-elle au traitement de l’endométriose ?
Mécanismes physiopathologiques et implications fonctionnelles
L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique, résultant de la migration ectopique de cellules endométriales en dehors de la cavité utérine. La réponse inflammatoire induite provoque fibroses, adhérences et dysfonctions musculo-squelettiques au niveau pelvien. Environ 40 % des femmes souffrant d’endométriose présentent également des troubles digestifs associés, liés à l’atteinte des structures viscérales telles que le rectum et le côlon sigmoïde.
Les formes profondes infiltrantes, touchant approximativement 20 % des patientes atteintes, sont particulièrement invalidantes, en raison de l’atteinte des ligaments utérosacrés et du plexus hypogastrique inférieur, qui entraînent des douleurs neuropathiques intenses et une contracture réflexe du plancher pelvien.
Altérations biomécaniques et conséquences fonctionnelles de l’endométriose en kinésithérapie
L’endométriose provoque des modifications du tonus musculaire et un déséquilibre du système lombo-pelvien. Une étude a montré que 70 % des patientes atteintes d’endométriose souffrent de douleurs pelviennes chroniques. Elles sont associées à une hypertonie des releveurs de l’anus et une altération de la mobilité du sacrum et des articulations sacro-iliaques. Cette compensation posturale entraîne une réduction de 20 à 30 % de la mobilité pelvienne. Mais aussi, un retentissement sur la posture globale et un risque accru de lombalgies persistantes.
Quelles approches pour traiter l’endométriose en kinésithérapie ?
Rééducation périnéale et thérapie manuelle
La kinésithérapie vise en premier lieu à restaurer l’équilibre neuromusculaire du plancher pelvien et à lever les tensions myofasciales associées aux adhérences. L’utilisation du biofeedback périnéal permet d’améliorer la proprioception et de normaliser le tonus musculaire, réduisant ainsi jusqu’à 50 % la douleur rapportée après un protocole de six semaines. La thérapie manuelle viscérale, appliquée aux ligaments utérosacrés et aux insertions myofasciales abdomino-pelviennes, contribue à assouplir les structures fibreuses et à restaurer la mobilité des organes pelviens.
Rééquilibrage postural et stimulation neuromusculaire pour soulager l’endométriose en kinésithérapie
L’adoption d’une méthode posturale active, telle que la Rééducation Posturale Globale (RPG) ou la Méthode Mézières, permet de corriger les compensations liées aux tensions pelviennes et lombaires. Ces approches favorisent un réalignement pelvien optimal, réduisant la charge mécanique sur les articulations sacro-iliaques et diminuant la douleur posturale chronique de 40 % en moyenne après trois mois de suivi.
Techniques complémentaires et modulation neurovégétative
L’application du TENS périnéal et lombaire est une stratégie efficace pour réduire l’hyperalgésie et restaurer la fonction neuromusculaire. Des études cliniques ont montré une réduction de 35 % des douleurs neuropathiques grâce à l’utilisation d’un programme de neurostimulation adapté. Par ailleurs, les techniques de cohérence cardiaque et de respiration diaphragmatique profonde sont intégrées pour limiter l’impact du stress sur la perception de la douleur et améliorer l’équilibre du système nerveux autonome.
Endotest® : un test salivaire innovant pour accélérer le diagnostic de l’endométriose
L’Endotest® constitue une avancée diagnostique majeure pour l’endométriose, maladie qui touche entre 10 et 15 % des femmes en âge de procréer en France, soit 1,5 à 2,5 millions de personnes. Développé par la société française Ziwig, ce test repose sur une technologie de séquençage de nouvelle génération (NGS) associée à des algorithmes d’intelligence artificielle. Il permet d’identifier, à partir d’un simple échantillon de salive, les biomarqueurs spécifiques de l’endométriose, avec une sensibilité et une spécificité élevées, sans recours aux examens invasifs comme la cœlioscopie.
Depuis le 11 février 2025, l’Endotest® est intégré dans le cadre du forfait innovation, permettant son déploiement en étude clinique sur 3 ans auprès de 25 000 patientes sur l’ensemble du territoire français. Il est actuellement indiqué en troisième intention. Lorsque le bilan d’imagerie de référence est négatif ou incertain, mais que la symptomatologie clinique reste fortement évocatrice. Cette stratégie permet de répondre à une problématique de santé publique majeure. Réduire le délai moyen de diagnostic, aujourd’hui estimé à 7 ans, et améliorer ainsi la précocité de la prise en charge thérapeutique. Cette initiative s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, lancée en 2022. Elle vise à structurer des parcours de soins spécialisés et à soutenir les innovations diagnostiques fondées sur les données biologiques.
Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) : dysrégulation métabolique et répercussions fonctionnelles en kinésithérapie
Déséquilibres hormonaux et troubles biomécaniques associés
Le SOPK est un trouble hormonal courant qui touche environ 6 à 13 % des femmes en âge de procréer dans le monde, selon l’OMS (2025). Il se manifeste généralement dès l’adolescence et évolue tout au long de la vie. Le SOPK provoque une hyperandrogénie, des troubles de l’ovulation, des règles irrégulières et une accumulation de tissu graisseux au niveau abdominal. Ces symptômes peuvent conduire à des complications métaboliques et musculosquelettiques. Notamment un risque accru de diabète de type 2, d’hypertension et de troubles du contrôle postural en raison de la perturbation des voies métaboliques impliquées dans la régulation énergétique et la contraction musculaire.
L’inactivité physique et la sédentarité, fréquentes chez ces patientes, entraînent un déconditionnement musculaire, réduisant leur capacité à tolérer l’effort. Les patientes atteintes de SOPK présentent une réduction de 20 % de la force musculaire des membres inférieurs, avec un impact direct sur leur posture et leur stabilité pelvienne.
💡 À noter. Jusqu’à 70 % des femmes atteintes de SOPK ne sont pas diagnostiquées. Ce retard complique l’accès aux soins et accentue les conséquences fonctionnelles, notamment en cas de douleurs chroniques, de fatigue persistante ou d’obésité abdominale.
Stratégies thérapeutiques pour traiter le SOPK en kinésithérapie : est-ce comme l’endométriose ?
Entraînement physique adapté et réhabilitation métabolique
L’activité physique ciblée constitue un pilier central du traitement non médicamenteux du SOPK. Cela permet d’améliorer la sensibilité à l’insuline et de réguler l’équilibre neuro-endocrinien. L’intégration d’un programme d’exercices combinés, associant renforcement musculaire fonctionnel et cardio-training à intensité modérée, a montré une réduction de 25 % des marqueurs inflammatoires et une amélioration significative de la tolérance à l’effort après 12 semaines d’entraînement.
Correction des dysfonctions posturales et stimulation neuromusculaire
Tout comme pour l’endométriose, la prise en charge kinésithérapique du SOPK vise à réduire l’hyperpression abdominale, à restaurer une stabilité lombo-pelvienne et à optimiser la mobilité articulaire. L’utilisation de techniques de renforcement du transverse et des obliques profonds, combinée à une mobilisation douce de la charnière lombo-sacrée, améliore la posture et réduit les tensions myofasciales chroniques.
Gestion du stress et modulation neurovégétative, quelques similitudes avec l’endométriose en kinésithérapie
Les troubles hormonaux associés au SOPK favorisent une hyperactivation du système nerveux sympathique, exacerbant l’inflammation et la résistance à l’insuline. L’intégration de techniques de cohérence cardiaque et de respiration diaphragmatique profonde permet d’optimiser la régulation hormonale et la modulation du stress oxydatif. Ce qui entraîne une amélioration de 30 % des paramètres de récupération et une diminution des symptômes anxio-dépressifs chez ces patientes.
Conclusion
Oui, la kinésithérapie est un pilier thérapeutique pour traiter les pathologies féminines telles que l’endométriose et le SOPK. L’endométriose et le SOPK touchent des millions de femmes et nécessitent une prise en charge personnalisée. La kinésithérapie joue un rôle clé. Réduction des douleurs jusqu’à 50 %, amélioration de la posture et de la condition physique, meilleure gestion des troubles métaboliques. Dans un contexte où le diagnostic reste tardif, 7 ans en moyenne pour l’endométriose et 70 % de cas de SOPK non diagnostiqués, la rééducation fonctionnelle s’impose comme un levier concret pour améliorer le quotidien des patientes.
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