Rupture du LCA : les tests pour la reprise sportive
Que vous soyez ou non kiné du sport, vous prenez sans doute des gens en charge après une rupture du ligament croisé antérieur (LCA). Et certains d’entre eux sont pressés, ou tout du moins, interrogatifs quant à la reprise sportive. Les kinés font partie des professionnels les plus sollicités pour guider les sportifs ou leur entourage sur quand et comment reprendre le sport. Des tests LCA et outils existent pour essayer de faire cela au mieux. Voyons donc un peu ce que nous apportent les tests pour le retour au sport après rupture du ligament croisé antérieur (LCA).
Pourquoi des tests pour la reprise sportive après rupture du LCA ?
Une des taches peut-être les plus délicates en tant que kiné est de freiner, ou au contraire, inciter, à la reprise des activités physiques et sportives. Dans les 2 cas, l’enjeu est important :
- éviter une récidive ou une nouvelle blessure sportive en reprenant trop tôt ;
- encourager l’activité pour éviter les effets néfastes de la sédentarité sur la lésion ou la perte de performance ou de moral.
L’expérience professionnelle ne suffit pas toujours pour déterminer le bon moment, et les bons critères. C’est pour cela que certains kinés et médecins ont cherché à développer et valider des tests LCA pour objectiver la reprise sportive.
Quels sont les tests ou critères qui font le plus consensus ?
Amusez-vous à taper (en anglais) « reprise sportive après ligamentoplastie du LCA » dans Pubmed. Vous tomberez ainsi sur… plus de 1000 publications sur le sujet ! Autant dire qu’il y a du contenu sur le sujet. Voici quelques éléments très synthétiques sur les tests LCA et critères qui font le plus consensus (tirés de Kaplan, 2019). Vous trouverez en fin d’articles des références pour aller plus loin.
- Il est suggéré d‘attendre au minimum 4 à 6 mois avant de reprendre le sport. Idéalement, 9 mois.
- Ce n’est en fait pas tellement un temps minimum qu’il faudrait attendre mais le fait de remplir certains critères. 5 critères sont définis pour reprendre après une ligamentoplastie
Ces 5 critères sont :
- l’état psychologique du patient : la confiance en ses capacités à reprendre, la sensation d’un genou stable ou non ;
- la force musculaire des muscles contrôlant son genou ;
- les capacités fonctionnelles ;
- des facteurs de risque modifiables ou non modifiables ;
- la durée écoulée depuis la rupture du LCA/l’opération.
- Certains critères peuvent être objectivés par certains tests, sans qu’on soit sûr que ces tests apportent une réelle plus-value pour prendre une meilleure décision concernant la reprise du sport. Les tests les plus étudiés sont :
- hop test : the Single Leg Hop test et the Single leg crossover hop test ;
- test de Lachman ;
- K-STARTS (combinaison de 7 tests) ;
- ACL-RSI pour la dimension psychologique.
Tapez tout simplement le nom de ces tests sur Youtube pour en avoir une illustration ! Et pour en garder une trace écrite, tapez le numéro du test + PDF dans Google Image. Vous tomberez sur de nombreux documents synthétiques bien faits.
Comment les appliquer dans la pratique du kiné ?
En l’absence de preuve d’un réel intérêt de faire passer ces tests pour définir la période idéale de reprise, sentez-vous libre de les utiliser ou non de manière systématique. Gardez en tête quelques éléments très factuels : le risque de récidive est diminué de 51 % pour chaque mois d’attente pour reprendre le sport jusqu’à 9 mois. Ensuite, le risque n’est pas moins important en attendant plus longtemps (Kaplan 2019). Et ce indépendamment des critères évalués par les tests !
Comme vous vous en doutez sûrement, dans l’ordre, on recommande de reprendre d’abord :
- le vélo d’appartement (au plus tôt, parfois dès les premiers jours !) ;
- le footing progressif ou autres sports sans pivôt ;
- les sports de pivôt sans contact (ski, tennis, natation toutes nages) ;
- les sports de pivôt avec contact (hand, foot, rugby, judo, etc.).
Les tests LCA s’appliquent-ils aussi pour les personnes non opérées ?
Nous disposons de pas mal de chiffres tirés d’études nationales ou internationales sur la reprise du sport après une opération du ligament croisé antérieur (LCA). Nous n’en avons cependant pas sur la reprise sans opération du LCA. Sans doute car ces personnes sont moins suivies médicalement. Il est donc plus difficile de les inclure dans des études cliniques.
Il est raisonnable de penser que les délais et critères sont à peu près les mêmes pour les personnes qui récupèrent sans avoir besoin d’une chirurgie. En effet,
- 2 et 5 ans après la blessure, la récupération est la même que les personnes aient été opérées ou non (BMJ 2021 ; Cochrane 2016) ;
- de plus, quelques sportifs de haut niveau non opérés du LCA reprennent le sport rapidement, parfois 2 mois après la rupture du LCA (Weiler 2015).
Les tests LCA sont-ils pertinents aussi pour les sportifs amateurs ?
Il n’y a pas de raisons que les tests de cette pathologie s’appliquent uniquement aux sportifs de haut-niveau. Ce sont ceux sur lesquels ils sont les plus testés, car il y a plus d’enjeu. Mais on peut probablement élargir leur intérêt à des sportifs et sportives de niveau plus modeste.
Des sportifs de haut-niveau peuvent être plus exigeants et apprécié qu’on tente par tous les moyens d’objectiver le meilleur moment de leur reprise sportive. Mais certains amateurs ont le même degré d’exigence, et pourront apprécier aussi que les kinés procèdent ainsi !
Utilisez-vous ces tests sur tous vos patients après rupture du ligament croisé antérieur (LCA) ?