PEACE & LOVE Kiné pour les blessures sportives ? | Milo Kiné
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Kinésithérapie du sport

PEACE & LOVE kiné pour les blessures sportives

Si vous êtes kiné du sport, vous n’avez sans doute pas pu échapper à cet acronyme : PEACE & LOVE. Dans cet article, on revient sur l’origine et les dessous de ce concept. Surtout, sur comment l’appliquer efficacement en tant que kiné, auprès de patients ou d’équipes sportives qui ont parfois des attentes différentes en fonction de la blessure… Enfin, on verra s’il fait consensus ou non à l’international, pour la prise en charge des blessures traumatiques.

L’origine de l’acronyme PEACE & LOVE en kinésithérapie

Comment réagir le plus efficacement possible tout de suite lorsqu’une blessure aux membres (mollet, poignet, cuisse, cheville, coude…) survient, et qu’il ne s’agit pas a priori d’une fracture ? De nombreux kinésithérapeutes, formateurs, entraîneurs et chercheurs se sont penchés sur la question au fil des décennies.

Certains ont proposé de formaliser les prises en charge. Et pour que cela soit mieux retenu du plus grand nombre, de présenter sous forme d’acronymes les actions à mettre en place. Selon l’année où vous avez été en école de kiné, vous avez pu entendre parler des protocoles :

  • ICE / RICE ;
  • PRICE ;
  • POLICE ;
  • POLICE-CANAI.

Chaque lettre renvoyant à une action à mettre en place, par exemple I pour ICE (froid pour limiter le gonflement par exemple).

PEACE & LOVE, c’est le dernier modèle en date proposé, qui est censé remplacer ceux d’avant. Ce sont deux physios québécois qui l’ont proposé, Blaise Dubois et Jean-François Esculier, en 2019.

Concrètement, quelle prise en charge kiné générale des blessures sportives ?

Déjà, entendons-nous bien sûr le type de blessures liées au sport dont on parle. Il s’agit, en aigu, des lésions des tissus mous :

  • entorses, tendinites, luxations, claquages ;
  • déchirures musculaires, claquages, élongations ;
  • contusions.

Notez bien que les fractures ne sont donc pas incluses.

Voici les choses à mettre en place au plus vite lorsqu’une blessure survient, et durant 2/3 jours, selon ce modèle :

  • Protéger : en utilisant par exemple des attelles avec un bandage pour limiter les mouvements. Cette protection permet de limiter le risque de déclencher une douleur soudaine et permettre une meilleure récupération des muscles ;
  • Élever : mettre la zone lésée plus haut que le cœur ;
  • éviter les Anti-inflammatoires ;
  • Compresser : à l’aide d’un bandage ou d’un taping compressif, pour limiter l’œdème ;
  • Éduquer : diffuser les bonnes pratiques au patient et à son entourage.

Vous noterez que mettre de la glace sur la peau ne fait plus partie des actions à mettre en place après un choc, même si en pratique, c’est encore très souvent fait.

Dans les jours qui suivent, le modèle propose :

  • Load : remettre en charge et en mouvement très progressivement, sans douleur ;
  • être Optimiste : être confiant envers sa guérison ;
  • Vasculariser : la pratique d’un exercice ou d’une activité physique sont efficaces et permettent d’améliorer la vascularisation du tissu lésé, ce qui est favorable pour sa réparation et le renforcement musculaire ;
  • Faire des exercices : encourager une récupération active telle que des étirements.

Comment informer les patients à ce sujet ?

Les auteurs de l’acronyme proposent une infographie, traduite en français. Elle est ici. Certains cabinets l’affichent ou la diffusent dans les clubs sportifs où ils interviennent.

Quelles limites au PEACE & LOVE en kiné sur les blessures sportives ?

Les auteurs du modèle se sont basés sur leur expertise professionnelle et sur leur connaissance de la littérature académique consacrée au sujet. Cependant, ils n’ont pas réalisé de revue systématique pour étayer chacun des points du modèle. Ils citent seulement 20 études pour appuyer l’ensemble de leur recommandation, sans préciser ou justifier leur stratégie de recherche et de sélection. 

Le protocole peace est une bonne base pour commencer. Mais il y a des choses à creuser. 

Sur le froid par exemple, il est délicat d’être aussi catégorique. Théoriquement, il est difficile de trancher de manière définitive sur la balance avantage/inconvénients du froid sur un traumatisme. Et les données empiriques sont assez pauvres sur le sujet. Une équipe de recherche chinoise s’est penchée spécifiquement sur la question du froid. Et voici ce qu’ils en disent, après avoir analysé les résultats de plus de 30 publications spécifiquement sur cette question :

 « Si la glace retarde la guérison, devons-nous continuer à l’utiliser ? ». La réponse n’est pas forcément un non-absolu. Bien que la simple application de poches de froid ou de glace sur la zone blessée réduise l’inflammation et retarde la guérison, la thérapie par le froid ne doit pas être totalement interdite puisqu’elle a toujours la capacité d’engourdir la douleur et de réduire le gonflement dans une certaine mesure.

Une autre équipe de recherche postule que le PEACE & LOVE en kiné devrait s’appliquer uniquement aux blessures « mineures », et propose un nouveau modèle, CARE, pour les blessures sévères ou modérées.

D’autres informent qu’il y a beaucoup d’incertitudes sur l’efficacité de la compression. Et qu’il semble déraisonnable de recommander de manière systématique le recours à la compression. Là encore, ils s’appuient sur plus de 40 publications académiques spécifiquement sur la question.


Que pensez-vous de ce modèle PEACE & LOVE ? Y voyez-vous aussi des limites ? Ou vous satisfait-il pleinement pour la prise en charge des blessures ?

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