La kinésithérapie respiratoire des bébés
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Kinésithérapie pédiatrique

Kiné respiratoire des bébés : pratiquer malgré les polémiques

Le sujet de la kinésithérapie respiratoire pour les bronchiolites fait invariablement couler de l’encre (et vibrer des cordes vocales) à chaque nouvelle saison épidémique, ou presque. Tantôt parce que des médecins s’insurgent que cette pratique existe encore. D’autres fois parce que des confrères et consœurs kinés défendent ardemment la pertinence de la kiné respiratoire pour les bébés…

Prenons de la distance vis-à-vis de ces polémiques autour de cette pathologie. L’idée ici, c’est tout simplement de faire le point sur ce qu’il est pertinent de faire aujourd’hui si un parent vous sollicite pour un problème des voies aériennes de son bébé, en libéral. Quelles sont les pratiques recommandées, réalisées, en France et dans le monde ? Pour quelle efficacité, quels risques ? Comment s’y former ? Comment réagir si les médecins de notre localité ne souhaitent plus prescrire pour cette indication ?

Quelles recommandations en vigueur pour la kiné respiratoire ?

Il n’y a pas de consensus clair sur la pertinence de recourir ou non à la kinésithérapie en cas de bronchiolite. La Haute autorité de santé (HAS) a publié en 2019 des nouvelles recommandations sur la prise en charge en libéral des bébés atteints de bronchiolite. Ces recommandations ont été écrites par des médecins généralistes, des pédiatres et des kinésithérapeutes.

Après des recherches bibliographiques et la lecture approfondie des études cliniques et des recommandations des autres pays, les praticiens (médecins et kinés) n’ont pas réussi à atteindre un consensus sur la pertinence du recours à la kinésithérapie en libéral. Leur conclusion :

  • intérêt potentiel de la kinésithérapie respiratoire pour les bébés atteints de comorbidités (pathologies neuromusculaires, paralysie cérébrale, problèmes immunitaires, atteintes cardiaques, trisomie 21, etc.) ;
  • pas pertinente en l’absence de comorbidités.

La kiné respiratoire est prescrite en France et en Belgique pour de nombreux enfants atteints de bronchiolite. Il s’agit d’une particularité : dans les autres pays européens et aux Etats-Unis, il semble que les enfants atteints de bronchiolite, ou autre atteinte respiratoire, ne sont pas renvoyés vers des kinésithérapeutes.

Comment se déroule une séance de kiné respiratoire ?

Une séance de kiné respiratoire est une forme spécialisée de thérapie physique centrée sur l’amélioration de la fonction respiratoire et l’élimination des sécrétions bronchiques.

Déroulement de la séance :

  1. Évaluation initiale : Le kinésithérapeute, en collaboration avec le médecin, évalue l’état respiratoire de l’enfant. Cette évaluation peut inclure la vérification des signes de détresse respiratoire, de l’encombrement des voies aériennes, et d’autres symptômes associés. L’antibiothérapie systématique peut être envisagée si une infection bactérienne est la cause de l’encombrement.
  2. Technique de drainage postural : Le praticien positionne l’enfant de manière à utiliser la gravité pour aider à déplacer les sécrétions des poumons vers la bouche. Cette technique est particulièrement efficace et peut être ajustée selon l’âge et la condition spécifique de l’enfant.
  3. Clapping : Cette manœuvre implique le kinésithérapeute tapotant doucement sur la poitrine de l’enfant pour aider à déloger le mucus. Il est important de noter que le clapping doit être effectué avec précaution pour éviter des complications telles que la fracture de côtes, particulièrement chez les nourrissons.
  4. Manipulations douces : Le kinésithérapeute effectue des manipulations et des gestes spécifiques pour aider à l’expiration du mucus. Ces techniques peuvent inclure des pressions douces sur le thorax durant l’expiration pour augmenter l’efficacité du dégagement des voies aériennes.
  5. Utilisation de fluidifiants bronchiques : Dans certains cas, des médicaments fluidifiants bronchiques peuvent être administrés pour aider à liquéfier le mucus, rendant les techniques de clapping et de drainage plus efficaces.
  6. Surveillance et ajustements : Tout au long de la séance, le kinésithérapeute surveille la réponse de l’enfant et ajuste les techniques selon les besoins. La fréquence cardiaque et d’autres paramètres vitaux peuvent être surveillés pour assurer que l’enfant reste stable pendant la thérapie.
  7. Conseils sur les apports alimentaires : Le kinésithérapeute peut également offrir des conseils sur les apports alimentaires, particulièrement pour les enfants hospitalisés, pour s’assurer que la nutrition soutient la récupération respiratoire.

Quelle efficacité des séances de kiné respiratoire ? Quels risques ?

La kinésithérapie respiratoire pour bébé

La séance de kiné respiratoire pratiquée à l’hôpital, sur les bébés atteints des formes les plus graves de bronchiolites, est inefficace sur certains paramètres par rapport à l’absence de kinésithérapie. Elle ne diminue pas :

  • la durée des symptômes,
  • la sévérité de la maladie,
  • la durée de l’hospitalisation.

Elle semble cependant améliorer le taux d’oxygène dans le sang des bébés qui ont eu une séance, dans les minutes suivant la séance.

Il y a beaucoup moins d’études sur les formes de bronchiolites légères à modérées, qui sont les plus fréquentes (98 %). Et surtout, celles vues en libéral ! Sur ces bébés, les gestes et la manipulation lors de la kiné respiratoire peuvent avoir une balance bénéfice-risque favorable, notamment sur leur respiration.

En libéral, la kinésithérapie respiratoire semble diminuer au moins transitoirement l’encombrement des bébés atteints de bronchiolite. La consultation des kinésithérapeutes au cabinet ou au domicile peut aussi diminuer l’anxiété des parents et leur permettre de revoir comment moucher le nez leur bébé en étant plus à l’aise.

Quelle est la prise en charge kiné type d’une bronchiolite ?

Reprenons point par point la séance type de kiné respiratoire en cas de bronchiolite, en cabinet ou à domicile.

  1. Faire un bilan. Faire le point sur l’état ventilatoire des voies aériennes supérieures et général du bébé, mais aussi son environnement, et les connaissances et attentes des parents.
  2. Informer, rassurer. Sur l’évolution favorable dans l’immense majorité des cas, quoi qu’on fasse. En général, au bout de 5 jours maximum, les symptômes sont moins importants et diminuent de jour en jour. Parfois la toux peut rester jusqu’à 2 semaines. Les signes d’inquiétude, pouvant amener à des formes graves, sont l’altération de l’état général, la gêne respiratoire, une forte fièvre, la non-alimentation ou hydratation.
  3. Conseiller. Sur l’adaptation de l’environnement (pas de tabac, installation en déclive, mouchage, fractionner les prises alimentaires et hydriques).
  4. (Moucher et réaliser des manœuvres de désencombrement.) Les parenthèses indiquent que cela est facultatif : le kinésithérapeute n’a pas forcément besoin de réaliser des manœuvres de désobstruction de sécrétions pour justifier la pertinence de leurs séances !

Le rôle du kinésithérapeute est crucial, non seulement pour l’administration directe des techniques, mais aussi pour éduquer les parents sur les soins à domicile et les gestes à reproduire. En médecine de ville, ces pratiques aident à réduire les visites hospitalières et à améliorer la qualité de vie des enfants souffrant de troubles respiratoires.

La formation initiale suffit-elle pour prendre en charge des bébés en kiné respiratoire ?

Cela va surtout dépendre de l’occasion que vous avez eu de pratiquer, en tant que stagiaire ou lors des premières années de pratique. Il n’y a pas d’obligation formelle à suivre une formation en plus de celle délivrée à l’IFMK.

Néanmoins, la plupart des organismes de formation continue pour kinés proposent sur 1 ou 2 jours, en présentiel ou distanciel, des formations spécifiques sur la kiné respiratoire des bébés.

Comment relancer l’activité de prescription pour cette indication ?

Certains médecins généralistes ou pédiatres ne prescrivent plus du tout de séances de kiné en cas de bronchiolite. D’autres en prescrivent presque systématiquement. Si vous souhaitez développer ce type de prise en charge, voici quelques conseils.

  1. Faites un courrier (ou un mail via MonSisra) à tous les généralistes et pédiatres libéraux et hospitaliers de votre localité. 
  2. Indiquez pourquoi vous pensez qu’il est pertinent que vous preniez en charge ces bébés. Appuyez-vous sur les différentes publications académiques sur le sujet, y compris critiques, pour montrer que vous connaissez bien le sujet. Répondez aux questions les plus couramment posées telles que : “quand faire de la kiné respiratoire ?” ou “comment savoir si mon bébé a besoin de kiné respiratoire ?”. Expliquez également que l’intérêt de la kiné repose aussi beaucoup sur la réassurance et la prévention : la kiné respiratoire ne se réduit pas à appuyer sur la cage thoracique des bébés ! C’est parfois même dispensable.
  3. Si vous avez un site internet, une page GoogleMyBusiness ou des réseaux sociaux, créez une page ou du contenu spécifique sur votre vision de la kiné respiratoire pour bébés. Les parents seront rassurés par ces informations et sauront en amont si ce que vous proposez correspond ou non à leurs attentes.

Avez-vous d’autres conseils sur la pratique de la kiné respiratoire sur les bronchiolites ?

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