Congé maternité kiné libéral : Témoignage et conseils
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Gestion de Cabinet

Réussir son congé maternité quand on est kiné en libéral. Témoignage.

L’arrivée d’un enfant est une joie immense, mais aussi une source de bouleversements, surtout lorsqu’on est kinésithérapeute libérale et qu’on aborde le congé maternité. Nadia Talbi, kiné périnatale à Villenave d’Ornon (près de Bordeaux) et maman de deux petites filles, nous livre avec sincérité son parcours. De la gestion de son cabinet à l’équilibre entre vie professionnelle et familiale et les réalités financières, son témoignage dévoile des astuces concrètes pour traverser cette étape de vie avec confiance et sérénité 🌼.

Découvrez notre entretien sans filtre avec Nadia 👇

Bonjour Nadia, pourriez-vous nous donner un aperçu de votre parcours professionnel ?

Oui bien sûr ! Je suis kiné depuis 2008. J’ai commencé par quelques remplacements, puis rapidement, j’ai fait de l’assistanat dans un cabinet durant deux ans. À la suite de cette expérience, je me suis associée dans un autre cabinet où je suis restée dix ans. En 2021, lors de ma seconde grossesse, je me suis installée à mon compte. Depuis peu, je collabore avec un assistant.

Pendant vos grossesses, avez-vous dû réorganiser votre travail ? Si oui, comment avez-vous géré cela ?

En 2018, pour ma première grossesse, du jour au lendemain, j’ai dû m’arrêter ! J’ai fait un décollement de placenta au bout de trois mois. Du coup, branle-bas de combat pour trouver un remplaçant… C’était intense. Par chance, on m’a relayé dans la foulée. J’ai appris la nouvelle le samedi et la personne prenait le relais dès le lundi ! C’était il y a 7 ans, les conditions sont bien moins favorables aujourd’hui pour se faire remplacer.

C’est très personnel mais j’ai choisi de garder le motif de mon absence secret. Je ne voulais pas que mes patients soient au courant de ma grossesse. En cas de fausse couche, je n’aurais pas voulu en parler. Et surtout, je pensais pouvoir revenir, je ne pensais pas rester alité. C’est aussi pour cette raison que je prenais des remplaçants au compte-gouttes, dans l’optique de mon éventuel retour.

Mais chaque grossesse est différente ! Pour mon second enfant, en 2021, j’ai pu travailler jusqu’au congé mat’ et trouver un remplaçant sans stress. C’est d’ailleurs durant cette période que j’ai également changé de cabinet. Deux projets en même temps, c’est mieux, non ? 😉. J’ai ensuite suspendu un an la kiné pour profiter de ma fille, me former et développer une activité non conventionnée (pilates, yoga, micronutrition, médecine chinoise…).

Quelles aides financières avez-vous reçues lors de vos congés maternité et ont-elles répondu à vos besoins ?

Quand on trouve un remplaçant, on souscrit généralement à une prévoyance qui nous protège en cas d’arrêt de travail. Selon le niveau de couverture, il y a un délai de carence d’en moyenne 2 à 4 semaines. Par contre, l’indemnisation de la sécu est très faible et ne correspond pas à votre salaire. Même avec la rétrocession du remplaçant, cela ne couvre pas tout, loin de là !

On est obligé d’anticiper et de chiffrer ce que va nous coûter un congé maternité. À mon avis, le problème vient du coût de nos actes. Personnellement, j’ai fait le choix de travailler un patient par demi-heure. Entre 16 et 21 € la séance, vous imaginez ? Il faut en faire des heures pour gagner sa vie ! Sans enfant, on peut se consacrer pleinement à son activité, mais une fois qu’il est là, les priorités peuvent changer. Vous avez un nouveau rythme, des horaires à respecter et avez envie de le voir grandir. C’est vraiment compliqué de s’en sortir et de conjuguer vie perso et vie pro. On se prend alors une claque. J’ai beaucoup d’amis qui peuvent vous dire la même chose. Je sais pourquoi je suis toujours en libéral, mais financièrement, c’est dur. Le salariat est la formule idéale à cette étape de la vie.

Comment avez-vous vécu cette période ? Avez-vous rencontré des difficultés (physiques, trajets, soins à domicile, produits chimiques…) ?

Pour ma première grossesse, j’étais fatiguée et il y avait beaucoup d’incertitudes. Je ne savais pas si j’avais le droit de bouger, j’étais finalement très peu informée. C’était catastrophique. En revanche, pour ma seconde grossesse, tout s’est bien passé, probablement, car je bougeais. Je me sentais en forme. Travailler m’a aidée !

Toutefois, j’ai choisi d’arrêter les domiciles dès mon premier enfant. Cela n’était plus compatible avec ma vie de maman et avec mes autres activités, comme la préparation à l’accouchement.

Pour répondre à votre question sur les produits chimiques, j’applique des huiles neutres ou porte des gants. Il n’y a aucun risque pour bébé, ni pour mes patientes🫶.

Comment avez-vous adapté votre organisation après l’accouchement ?

Après l’arrivée de mes enfants, j’ai allaité sept mois pour ma première fille et vingt-et-un mois pour ma deuxième, une activité chronophage et bien sûr non rémunérée… J’ai également réduit mon temps de travail : dès mon premier enfant, j’ai arrêté de travailler le mercredi, alors qu’auparavant je faisais les matinées ce jour-là. J’ai aussi écourté mes journées : aujourd’hui, je termine à 19h15 le lundi, 19h30 le mardi, 17h45 le jeudi, et un peu plus tôt le vendredi. Lorsque ma première fille était encore bébé, je finissais à 17h30.

D’ailleurs, petit aparté, il est aussi compliqué de trouver une assistante maternelle qui accepte de les garder aussi tard !

Quels conseils clés donneriez-vous à d’autres kinésithérapeutes enceintes ou qui envisagent d’être maman ?

Le maître mot : l’anticipation ! Être kiné libérale et future maman demande une vraie préparation financière et organisationnelle. Si vous travaillez comme moi avec des séances de 30 minutes, vous ne générez pas un gros chiffre d’affaires. Alors, clairement, il faut épargner. Je crois avoir chiffré environ 14 000 € par congé maternité, hors charges du cabinet, c’est énorme ! Sans compter que votre niveau de vie augmente avec l’arrivée de bébé.

D’un point de vue organisationnel, je conseillerai de réduire progressivement votre activité avant la grossesse pour faire face aux rappels de charges. Sinon, elles resteront les mêmes.

Enfin, pensez à souscrire à une prévoyance suffisamment tôt pour bénéficier de la prime de naissance. C’est un détail souvent méconnu, mais elle n’est pas forcément remise aux nouveaux cotisants. Et pourquoi ne pas envisager une activité complémentaire non conventionnée ? Pour moi, c’est une excellente manière d’améliorer mon taux horaire.

🫶 Un immense merci à Nadia Talbi pour ce témoignage sincère et riche d’enseignements sur la maternité ! Restez connectée, un webinar dédié à cette thématique et à la périnatalité sera prochainement disponible.

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