La prévention des violences sexuelles en cabinet kiné
En tant que masseur kinésithérapeute, vous pouvez être confrontées à un sujet très sensible : celui des plaintes pour violences sexuelles. En France, l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes recense environ 30 cas par an. Bien que ce chiffre puisse sembler préoccupant, il est important de le mettre en perspective : ces incidents représentent une infime partie des millions d’actes thérapeutiques réalisés. Cependant, chaque cas est significatif et nécessite une grande vigilance.
Dans cet article, nous allons explorer les mesures prises pour préserver une relation thérapeutique saine et sécurisée. Nous discuterons de l’importance de la confiance et du respect mutuel dans votre pratique quotidienne. Notre objectif est de vous fournir des outils et des conseils pour naviguer avec assurance dans ces situations délicates.
La relation thérapeutique en kinésithérapie : un partenariat de confiance
La base d’une relation thérapeutique réussie repose sur la confiance et le respect mutuel. Cette dynamique doit être clairement établie dès la première rencontre avec le patient. Le code de déontologie impose des normes éthiques strictes, notamment l’interdiction formelle de tout acte non justifié à caractère sexuel. Il est essentiel de créer un environnement de travail dans lequel le patient se sent en sécurité et respecté, et où vous, en tant que professionnel, pouvez exercer votre métier avec confiance et intégrité.
Le consentement éclairé est au cœur de votre pratique. Il est de votre responsabilité de vous assurer que vos patients comprennent pleinement chaque procédure et qu’ils y consentent librement. Durant votre carrière de masseur-kinésithérapeute, vous allez croiser différents patients avec des pathologies diverses et variées dont certaines nécessitent des actes tels que : auscultation, palpation, massage, toucher, questions intimes, examen visuel, déshabillage, positions particulières… Tous ces gestes, à visée thérapeutique, peuvent parfois être mal pris et dépasser la barrière de l’intimité de votre patient. Tout réside dans le consentement ! Cela implique d’expliquer clairement les soins proposés, leurs objectifs, ainsi que les techniques utilisées.
Art. R. 4321-83 csp : « le masseur-kinésithérapeute, dans les limites de ses compétences, doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, et les soins qu’il lui propose. […] ».
Les outils tels que le « déontomètre » et le questionnaire d’évaluation peuvent être d’une aide précieuse pour évaluer la qualité de la relation thérapeutique et prévenir tout malentendu ou situation ambiguë. Ces mesures renforcent la confiance et la transparence entre vous et vos patients, et constituent une base solide pour une pratique saine et respectueuse.
Prévention et gestion des situations délicates en kinésithérapie
Reconnaître et prévenir les violences sexuelles
Face aux préoccupations croissantes liées aux violences sexuelles, l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes a pris l’initiative de lancer une campagne d’information exhaustive. Cette campagne vise à sensibiliser et éduquer tant les professionnels de santé que le grand public sur les enjeux de la prévention et de la lutte contre ces violences. Elle comprend des outils pédagogiques, des clips informatifs et des ressources pour vous aider à détecter les situations à risque et à y réagir de manière appropriée. Ces ressources sont conçues pour renforcer votre capacité à protéger à la fois vos patients et vous-même, soulignant l’importance de la vigilance et de la préparation dans votre pratique quotidienne.
Protéger les kinésithérapeutes
Comme évoqué précédemment, dans le cadre de votre profession de masseur-kinésithérapeute, vous pouvez également vous retrouver victimes de harcèlement ou de comportements déplacés de la part de vos patients. Le degré de proximité avec votre patient peut rendre certaines situations risquées. Il est essentiel de se rappeler que votre sécurité et votre bien-être sont primordiaux. En cas de comportement inapproprié ou agressif de la part d’un patient, vous avez le droit, voire le devoir, de refuser de poursuivre les soins. Cette décision, bien que difficile, est une mesure de protection essentielle pour vous-même et pour maintenir un environnement thérapeutique sûr. Il est important de connaître vos droits et de vous sentir habilitée à les exercer sans crainte ni hésitation
L’article. R. 4321-92 du CSP stipule que : « la continuité des soins aux patients doit être assurée. Hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, le masseur-kinésithérapeute a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelles […] ».
Afin d’éviter une situation pouvant se révéler dangereuse pour vous face à un patient montrant un comportement agressif, ayant des gestes ou des propos inappropriés, vous avez dans ce cas l’autorisation de refuser de le prendre en charge.
Rôle des kinésithérapeutes dans le soutien aux victimes de violences sexuelles
Votre rôle en tant que kinésithérapeute ne se limite pas à la fourniture de soins physiques. Vous pouvez aussi être un soutien précieux pour les femmes victimes de violences. En observant la confidentialité et le secret professionnel, vous pouvez conseiller et orienter ces femmes vers les ressources appropriées, tout en leur fournissant un espace sûr et respectueux.
La collaboration avec les services de police, les associations d’aide aux victimes et les services juridiques est essentielle pour aider efficacement les victimes de violences. Vous pouvez jouer un rôle clé en délivrant des certificats de constatation de violences, qui sont des éléments cruciaux pour les démarches judiciaires des victimes.
Deux clips pédagogiques peuvent vous être utiles, dont celui intitulé « accueillir et orienter une femme majeure victime de violences au sein du couple » est visionnable ici.
La loi prévoit que le kinésithérapeute doit recueillir l’accord de la patiente pour porter à la connaissance du procureur de la république les sévices ou privations qu’il a constatés sur le plan physique ou psychique. Rien ne sera donc engagé sans son consentement.
Toutefois, cet accord n’est pas nécessaire si la victime est une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique (article 226-14 du Code pénal).
Vous jouez un rôle crucial dans la création d’un environnement de kinésithérapie sûr et respectueux. Votre engagement envers la prévention des violences sexuelles et la gestion proactive des situations délicates contribue à protéger non seulement vos patients, mais aussi l’intégrité de votre profession.