Les ventouses en kinésithérapie
Cupping, Hijama, ventousothérapie, vacuothérapie… Tous ces termes renvoient à la même pratique : l’utilisation de ventouses dans un but de bien-être voire même thérapeutique. Les kinés font partie des professionnels qui utilisent cette technique, et qui s’y forment en formation continue (plus de 100 personnes tapent chaque mois « formation kiné ventouse » dans leur moteur de recherche préféré). Faisons le point sur cet outil !
Quels sont les bienfaits de la ventouse ?
La ventouse est reconnue pour ses effets anti-inflammatoires, antalgiques, décongestionnants, drainant et détoxifiants. Ces résultats thérapeutiques ont fait leur preuve ! En kinésithérapie, la technique de la ventouse est employée à des fins thérapeutiques pour :
- des maux de dos
- des problèmes de circulation sanguine ou retour veineux paresseux
- des œdèmes
- des migraines
- une affection respiratoire
- des blessures sportives (entorses, tendinites, crampes…)
- des problèmes de peau
- des problèmes d’articulations
- des douleurs articulaires
- des problèmes digestifs (constipation, ballonnement…)
La ventouse a aussi des bienfaits en rééducation et également pour soulager les rhumatismes, pour une affection respiratoire ou encore pour le drainage lymphatique.
Qui peut poser des ventouses ?
Les ventouses peuvent être posées par un kinésithérapeute, un ostéopathe ou un coach sportif expérimenté à la méthode. Elles sont considérées comme de la médecine alternative mais pour la pratiquer en toute légalité, le praticien doit être inscrit à l’Ordre des médecins.
Comment sont utilisées les ventouses ?
Il s’agit de placer des ventouses à différents endroits du corps. Il existe 2 types de ventouse :
- les ventouses sèches : la ventouse aspire, dans un but de soulager la douleur. Elles sont en plastique ou en verre. Elles fonctionnent mécaniquement via un pompage, ou via un réchauffement de la ventouse avant de l’appliquer sur la peau ;
- les ventouses humides : une légère incision est pratiquée avant d’appliquer la ventouse. Cela est interdit en France.
Les ventouses sont utilisées un peu partout dans le monde depuis probablement l’Égypte ancienne.
La pratique des ventouses est-elle réglementaire pour les kinés ?
En mars 2021, le Conseil de l’Ordre des kinés a émis un avis déontologique sur l’utilisation des ventouses par les kinésithérapeutes. La conclusion de leur avis sur la thérapie par ventouses parle d’elle-même :
La pratique des ventouses étant, à ce jour, insuffisamment éprouvée et faisant courir au patient un risque injustifié de lésion (saignement, brûlure etc.), le kinésithérapeute ne peut proposer ce procédé conformément aux dispositions des articles R.4321-87 et R.4321-88 du code de la santé publique.
Dit plus simplement : les kinés n’ont pas le droit d’utiliser les ventouses sur leur patient.
Les risques auxquels s’exposent les kinés utilisant tout de même les ventouses sont :
- un rappel à l’Ordre du CNOMK ;
- des sanctions disciplinaires ;
- un dépôt de plainte via les juridictions compétentes.
Le code de déontologie s’applique même lorsque les kinés pratiquent en hors nomenclature. Réglementairement, il n’est donc pas non plus possible de pratiquer les ventouses en hors nomenclature.
Que disent les études sur les ventouses ?
Depuis les années 2000, une dizaine à quelques dizaines d’études sont publiées chaque année sur les ventouses, dans des revues indexées dans la Medline (Pubmed). Voici une liste non exhaustive des pathologies prises en charge par des kinés sur lesquelles la vacuothérapie a été testée dans des études cliniques :
- migraines ;
- troubles musculo-squelettiques ;
- douleurs lombaires ;
- effets secondaires de certains cancers ;
- syndrome de douleur myofascial ;
- douleurs menstruelles ;
- aponévrosite plantaire ;
- spondylarthrite ankylosante ;
- arthrose du genou.
Bien sûr, cela ne signifie pas pour autant que l’efficacité propre et les bienfaits sont démontrés pour chacune de ces indications. Il faut aller voir au cas par cas les études publiées pour chaque indication, et voir s’il est possible et raisonnable de penser qu’il y a un effet propre des ventouses (au-delà du simple effet placebo). De manière générale, les synthèses d’étude concluent quant à une très faible qualité des données (qu’elles aillent ou non dans le sens de l’efficacité).
Il existe aussi des études qui rapportent des effets secondaires liés à l’utilisation des ventouses. Notamment à cause d’une utilisation prolongée sur des personnes avec des problèmes dermatologiques ou d’autres pathologies. En voici une liste non exhaustive :
- ecchymoses ;
- hyperpigmentation ;
- abcès ;
- ulcère chronique ;
- infection localisée.
Qu’en retenir pour l’exercice libéral ?
Vous faites peut-être partie de ces kinés curieux qui sont intrigués par l’utilisation des ventouses. Peut-être avez-vous eu des retours positifs de collègues ou de patients. Vous avez sans doute reçu dans votre boîte aux lettres ou boîte mail de la promotion pour une formation sur le sujet, souvent en 1 jour.
Deux choses sans doute à bien avoir en tête avant de se lancer dans une formation, ou de pratiquer les ventouses en cabinet :
- la vacuothérapie fait partie des rares techniques interdites aux kinésithérapeutes ;
- parmi la masse des techniques à visée antalgique disponibles, rien ne laisse penser qu’elle soit plus pertinente que d’autres. Et des effets secondaires sont connus.
À vous bien sûr de vous faire votre propre avis sur cette base ! Et d’informer vos patient(e)s en connaissance de cause.
Envie d’ajouter votre avis sur ce sujet délicat de l’utilisation des ventouses en kiné ? Votre commentaire est le bienvenue.
J’utilise mes ventouses tous les jours ! C’est pas plus dangereux que le theragun !!! C’est 1 autre façon de mobiliser les tissus notamment les fascias !!!!